Dans une séquence cinématographique, on peut

Dans une séquence cinématographique, on peut distinguer le premier degré d’un accompagnement, dans lequel la musique suit pas à pas l’action. C’est par exemple le cas des dessins animés, où la musique surligne les mouvements physiques des personnages. On parle de «Mickey mousing».

Une juxtaposition plus subtile de l’image et du son se retrouve par exemple dans le film Excalibur (J.Boorman), où les musiques de Wagner (Tristant et Iseult, Parsifal, Marche funèbre de Siegfried) et de C.Orff jouent un rôle prépondérant.

La musique du film: «EXCALIBUR» de John Boorman (1981)

Ce film retrace l’épopée des chevaliers de la table ronde autour du roi Arthur en Angleterre dans la période d’un haut Moyen-Âge légendaire.

Uther Pendragon, père du Roi Arthur

Igraine, mère du Roi Arthur

Arthur, devenu roi par la prise de l’épée Excalibur dans la pierre. Il fonde les chevaliers de la

table ronde

Guenièvre, sa femme 

Merlin, Magicien

Morgane, demi-sœur d’Arthur. Magicienne.

Lancelot, chevalier de la table ronde, fidèle d’Arthur et amant de Guenièvre

Perceval, chevalier de la table ronde, fidèle d’Arthur, découvre le Graal (la coupe supposée avoir servi au Christ pour partager le vin, et aussi pour avoir récupéré son sang sur la croix)

Mordred, fils (et ennemi) d’Arthur et de sa demi-sœur Morgane.

1) La première partie du film retrace la généalogie d’Arthur: la constitution des chevaliers de la table ronde, pétris d’idéaux de loyauté, vérité et courage.

2) Après des années de prospérité, l’épisode central évoque la liaison de Lancelot avec Guenièvre, point de départ de la chute «morale» des chevaliers de la table ronde: l’un d’eux a rompu leur union fraternelle et légendaire. Cette chute est accompagnée de la montée des pouvoirs de Morgane. Celle-ci, sous les traits de Guenièvre conçoit un fils avec son demi frère Arthur. Le seul moyen pour les chevaliers de récupérer leur honneur est de trouver le Graal.

3) L’épisode final conduit les chevaliers à errer dans leur quête, seul Perceval réussit. Les chevaliers se redressent mais doivent faire face à Mordred, le fils incestueux d’Arthur. Au cours de la dernière bataille Arthur et Mordred s’entre-tuent et l’épée Excalibur est rendue à son créateur.

La musique de ce film est capitale, car elle associe l’action à des mythes et légendes plus larges, d’une culture commune anglo-saxonne et celte du Moyen-Âge: Tristan et Iseult, Parsifal, Siegfried. Les quatre références principales sont:

* «O Fortuna» première pièce de Carmina Burana de Carl Orff (1895-1982). Ce compositeur allemand qui considérait que le rythme était à la base de la musique, s’est inspiré de poèmes latins et bas-allemands du XIIIe siècle pour écrire cette œuvre populaire, de structure simple, austère et très dynamique. Le caractère guerrier et l’origine médiévale de cette œuvre correspond tout à fait aux scènes de vigueur cavalières, notamment au moment où les chevaliers, après qu’Arthur ait bu du Graal, reprennent le combat contre Mordred [1’55’30].

* Marche funèbre de Siegfried de Richard Wagner (1813-1883). Lui aussi allemand, le compositeur romantique Wagner ne compose que des opéras fondés sur des légendes allemandes anciennes. Il utilise un orchestre symphonique complet et très nombreux. La Marche funèbre de Siegfried est un extrait du Götterdämerrung (le Crépuscule des Dieux), lui même faisant partie du cycle Der Ring der Nibelungen (L’anneau des Nibelungen, appelé aussi «La Tétralogie»). Cette marche funèbre débute doucement par quelques lignes discrètes puis viennent les deux accords cuivrés caractéristiques. Cette musique est associée à tous les passages où l’épée Excalibur est mise en valeur:

(Générique: 0’00)

Uther Pendragon plante l’épée dans le rocher: 22’27

Arthur réussit à retirer l’épée du rocher: 27’41 et 29’12

Adoubement d’Arthur par Excalibur: 41’23

Fondement des chevaliers de la table ronde: 57’10

Merlin montre à Morgane les entrailles du dragon:  1’26’05

Arthur, vaincu par l’épée de son fils Mordred, le tue à son tour avec Excalibur. Puis celle-ci est replongée dans l’eau, à son créateur: 2’12’20

* Prélude de Tristan et Iseult de Richard Wagner (1813-1883). Le prélude (ou Ouverture) est la pièce orchestrale par laquelle commence un opéra. Celui-ci se fonde sur la légende médiévale des époux Tristan et Iseult. Le parallèle entre cette légende et les chevaliers de la table ronde est explicite: Tristan et Iseult, amoureux malgré eux (ils ont bu par accident le philtre magique qui devait unir Iseult au Roi Marc), sont obligés de se cacher dans la forêt, avant d’être découvert par le Roi Marc. Dans Excalibur, ce sont Lancelot et Guenièvre qui vivent une union cachée et doivent également se cacher dans la forêt. Ils sont également découvert par leur poursuivant, le roi Arthur (scène de l’épée plantée entre les deux amants). La musique du prélude de Tristan et Iseult de Wagner est entendue à chaque fois que l’amour de Lancelot et Guenièvre est évoqué:

Première rencontre de Lancelot et Guenièvre: 57’56

Déclaration d’amour de Lancelot à Guenièvre: 59’41

Echanges de regards entre Lancelot et Guenièvre: 1’06’40

Lancelot se confesse seul et lutte contre lui-même et cet amour 1’13’30

Guenièvre rejoint Lancelot dans la forêt: 1’23’43

Morgane et Merlin observent Guenièvre et Lancelot dans la forêt jusqu’à ce qu’ils soient découverts:1’27’27 et 1’28’41

* Prélude de Parsifal de Richard Wagner (1813-1883). Dans cet opéra, le jeune Parsifal est un héros rédempteur symbolisant la réussite de la quête du Graal. La musique de ce prélude est naturellement associée à l’épisode où Perceval sort de l’eau et se présente devant le Graal, et l’obtient (1’51’00, aussi lorsqu’Arthur appelle Merlin à l’aide pour combattre Mordred).