URI UP GUSTAV, QUEL MALHER !

Uri caine Symphony no. 1 "Titan", 3ème mouvement d'après Gustav Mahler

Ainsi par un prompt titre, bien manié ma foi, qui dans sa splendeur automnale reluit à la lueur de ma lampe, j'attire dans mes filets (de thon, lol) toutes les âmes damnées des pauvres gens qui devront pour le bien de leur patrie et de leur cursus intellectuel passer le bac de musique en cette charmante année. Oh ! J'entends rire au loin à l'idée du bac de musique…allons, allons gens de peu de foi; imaginez un peu leur désarroi, leur peine future, à l'idée de devoir se pencher pendant quelques minutes (40) heures sur un sujet musical.

Donc, comme je fais parti de ses abrutis qui se sont trouvé une vocation plus ou moins musicale (ça dépend du sens du vent) je me suis dit: "tabernacle venons en aide aux perdus dans leur fausse foi et venons d'un air supérieur et purement divin leur tendre une main agréable et droite (mais ça peut être la gauche)" puis je me suis dit aussi "faudrait aller se raser après quand même" mais c'est une autre histoire, quoique barbe et musique peuvent faire bon ménage. Mais moins que barde et musique. Ha, ha. Donc je disais que me voici dans ma torpeur matinale, "debout face aux hommes et à genoux devant Dieu" comme disait un auteur dont j'ai oublié le nom et qui ne m'en voudra pas de l'avoir cité car c'est pas faute d'avoir essayé de retrouver son nom, me voici pour venir en aide à ceux qui essaye de comprendre : "Uri caine Symphony no. 1 "Titan", 3ème mouvement d'après Gustav Mahler" (Lycée Schuman de Haguenau, samedi 21 octobre 2006)

Gloria Patri et Filio et Espiritu Sanctu, amen.

Donc, tout d'abord écoutons la chose, un CD jaune, un signe obscur ou plutôt un obscur signe dessus en son centre. Soit !Déjà j'aime, oui parce que les braves gens qui vendent leur bouille sur leur CD avant leur musique ça me laisse septique comme une fosse. (merci au comique dont j'ai aussi oublié le nom).

Donc une pochette fort sobre et pourtant…

Mettre le CD dans une machine appropriée et non dans le grille pain et se mettre en position d'écoute, en effet regarder par la fenêtre ou son voisin en train de se curer le nez, n'est pas la meilleur position.  Donc, oui mettez vous bien comme il le faut, sur votre chaise (peu confortable, au demeurant) et écoutez.

Plage 5, bon chiffre que voici, les nains de blanche neige sans atchoum et prof. Ou pour les gens un peu plus élevé, la tyrannie des Trente moins 25.

Alors, on met le barzingue en route, un peu genre piano-cocktail si vous voulez, et là ça commence, on aura pris soin de prendre soin de ses précaution avant. Merci.

La batterie, roulement, la marche des animaux qui vont enterrer le chasseur, ah ! oui les filles, Mahler s'est inspiré de ce conte pour enfants, arrive le frère jacques, tout décalé, attitude nonchalante, moqueuse, risible, un coté absurde, une voix, un homme murmure. Incompréhensible, rajoute du "risible" à la scène, arrive la trompette. Complètement déjanté, tout est bancale, un air de "je m'en fou". Puis à droite puis à gauche un rire de femme et un rire d'homme, très court, ils reviendront. Une scène déjanté, un coté fin de règne, une référence à l'empire austro-hongrois qui tourne de l'œil ? un clin d'œil d'uri Caine sûrement. Ce frère Jacques est un régal, impoli à souhait. Les instruments décalés.
La batterie me fait penser au batteur de Keith Jarrett dont j'ai oublié aussi le nom…pour dire.

Ce fût la première partie.

Progressivement vous arrivez à l'âme de Mahler, la musique Yiddish revisitée, les mêmes thèmes que chez Mahler mais repris à un tempo plus rapide ou différent. Et là là là ! les enfants ça décoiffe, vous êtes emportés vers un monde meilleur où tout tourne autour de vous, où vous vous retrouvez dans un prés vert à chantonner avec les oiseaux et à tourner sur vous même, à respirer bien grand l'air pur…vous dansez, vous êtes éblouit par ces thèmes pleins de culture plus ou moins obscur et vous dansez, vous dansez, puis vous pensez à Mahler et à sa version et là vous vous dites que uri Caine à bien bosser lui aussi, plus intime, plus authentique, fuyez amas de violon impersonnels ! et doucement, au grès du vent vous êtes amené vers l'improvisation de la clarinette, doucement, doucement, vous suivez ses cabrioles et son art puis un thème yiddish à nouveau et le violon entre à son tour pour vous éblouir de son improvisation toute personnelle, plein de vie, improvisation des plus magnifiques qui se finit sur un amas de free jazz assourdissant faisant croire à la fin du morceau…mais non, vous avez droit à l'un des plus beau passage, de quelques secondes…le violon timidement, comme pressé, reprend le thème, vite très vite, le bâcle et vous voici basculé vers un nouveau thème d'où se distinguera la trompette et son improvisation des plus belles, des plus envoûtante, une voix d'ange, qui se finit dans un amas de free jazz à nouveau, ne pleure pas, car elle renaît aussitôt et t'enchante du thème des feuilles mortes. Et elle meurt dans le free jazz.

Ici se finit la partie centrale.

La clarinette refait surface timidement avec frère jacques puis est couverte par le piano et violoncelle qui lui aussi le reprend, nous revenons à la première partie, ultime partie conclusive qui vous rappelle les débuts…et le morceau se finit sur ce frère jacques dépecé, mourrant, mou et nonchalant mais resplendissant de force par la batterie et le piano. Mourrant lui aussi dans le free jazz qui essaye de prendre le pas sur Mahler…
Sur ce, mon fils du Bac, vas et apporte ton savoir fraîchement acquis à ton professeur, fais lui voir ton super intellect et tes capacités digne du plus grand des penseurs.
Oh ! j'entend déjà les masses informes de nos contrées environnantes hurlant qu'elles ne comprennent cure à cette musique pour la simple et bonne raison qu'elle ne l'ont jamais écoutée…et bien allez y remédier !

Mais pour ne pas laisser ces âmes si fidèles sur leur fin je vais faire un article la prochaine fois qui sera plus simple à l'entendement pour les non-initiés. Mais toujours aussi resplendissant par sa qualité : moi oblige.

Uri Caine, c'est lui !